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Séminaire

Séminaire du CRIDUP : Impact des conflits et des violences sexuelles sur la fécondité en Afrique centrale et de l’est

Séminaire autours de la thèse de  Mugisho Guerschom

Tous les pays du monde ont déjà commencé leur phase de transition démographique. L’Afrique subsaharienne avait déjà commencé sa transition démographie au travers d’une baisse soutenue de la mortalité depuis une cinquantaine d’années. Cependant, le rythme de baisse de la fécondité demeure très lent dans la plupart des pays et plus spécifiquement dans les pays affectés par les conflits où le nombre d’enfants par femme dépasse 5 enfants. Ces pays ayant accusé un retard dans leur processus de transition de la fécondité sont aussi caractérisés par une forte prévalence des violences sexuelles pendant le déroulement des conflits, deux phénomènes ayant un lien théorique étroit avec la fécondité.  

Les conflits agissent sur la fécondité sous plusieurs mécanismes. Ils provoquent des chocs ou crises économiques qui impactent négativement les revenus des ménages et par le même fait influence la fécondité à la hausse ou à la baisse selon les cas. Ils favorisent l’avortement provoqué par suite de la peur ou de l’insécurité, ce qui implique une diminution de la fécondité. En outre, les conflits réduisent la fréquence des rapports sexuels par suite de l’absence des hommes qui sont au combat ou par suite de leur décès, ce qui peut réduire la fécondité.  Les conflits peuvent aussi rendre non accessibles les services de planification familiale. Ils peuvent retarder les projets de mariage ou augmenter le risque de veuvage.  Ils sont le plus souvent accompagnés des violences sexuelles envers les femmes et des grossesses non désirées, ce qui a un effet positif sur la fécondité.  Il a été trouvé que généralement la fécondité augmente juste après les confits pour reprendre le rythme normal par la suite, parce que les couples veulent rattraper la fécondité retardée par les conflits, par effet de remplacement des enfants décédés ou pour renforcer l’identité ethnique, notamment dans le cas des conflits ethniques.   

La littérature sur l’impact des conflits sur la fécondité en Afrique centrale et de l’est est vaste mais certains aspects méritent d’être éclaircis. Plus précisément, les mécanismes au travers desquels les conflits agissent sur la fécondité et plus spécifiquement le veuvage, le report des mariages ou la perturbation du marché matrimonial et particulièrement les violences sexuelles n’ont pas été analysés en lien avec la fécondité dans la plupart de ces pays d’Afrique centrale et de l’est. En outre, aucune recherche n’a analysé l’effet des conflits dans ces pays en mettant en évidence les spécificités des conflits.

Cette thèse se fixe ainsi pour objectif général d’analyser l’impact des conflits, des violences sexuelles et de leurs interactions sur la fécondité.  De manière spécifique, il sera question de comparer l’évolution de la fécondité par période en cherchant à identifier les éventuels effets conjoncturels attribuables aux conflits. Ensuite, seront analysés les effets des conflits sur la formation et la rupture d’union ou plus précisément sur la primo-nuptialité et sur le veuvage et identifier les particularités de chaque pays ou chaque type de conflits. Par la suite, la thèse abordera l’analyse de l’impact des conflits sur les histoires génésiques des femmes en mettant en évidence les effets spécifiques des conflits. Enfin, sera abordée l’analyse de l’impact des violences sexuelles et de leurs interactions avec les conflits sur la fécondité des femmes.