DSAFHIR

Droits, santé et accès aux soins des femmes hébergées, immigrées et réfugiées

L’étude DSAFHIR associe sciences sociales et épidémiologie pour analyser les mécanismes producteurs d’inégalités sociales et de genre dans l’accès à la santé et aux droits dans les situations d’asile et de refuge, en particulier la santé sexuelle et reproductive.

Elle visait trois principaux objectifs :

  • identifier les risques spécifiques que rencontrent les femmes migrantes et réfugiées en situation de précarité administrative et sociale,
  • analyser les freins structurels à l’accès aux services existants,
  • interroger la mise en place d’une offre de services adaptés.

La méthodologie mixte, qualitative et quantitative s’inscrit dans la double perspective de production de connaissances nouvelles sur les migrations féminines et d’outils d’amélioration des politiques publiques facilitant le recours aux droits et aux soins et les parcours d’insertion sociale. Elle s’appuie sur une approche de co-construction des outils de mesure et d’évaluation avec les femmes concernées

Cette recherche interventionnelle s’appuie le suivi d’une cohorte de femmes migrantes sans domicile, hébergées en hôtels. Elle explore les besoins de ces femmes en matière de santé sexuelle et reproductive et les obstacles à l’accès aux services compétents, et teste plusieurs modalités d’intervention visant à faciliter cet accès. Elle a inclus 469 femmes dans quinze hôtels en Île-de-France, hors Paris, au printemps 2017, et 283 d’entre elles ont pu être revues huit à dix mois plus tard.

  • Résultats

    L’étude a montré qu’à l’inclusion, les femmes rencontrées avaient des besoins importants en matière de santé sexuelle et reproductive : une sur trois dit avoir subi une ou des agressions sexuelles au cours de leur vie, un quart de celles exposées au risque de grossesse non prévue n’utilisent aucun moyen contraceptif, plus de la moitié n’ont pas eu de frottis cervical dans les trois années précédentes.

    La plupart cumule plusieurs éléments limitant leur accès aux soins (faible connaissance du système de soins liée à une arrivée récente en France, absence de titre de séjour valide, de suivi social, de couverture maladie, non maîtrise du français, faible niveau de scolarisation, isolement relationnel, absence de solution de garde d’enfants, présence d’autres besoins jugés prioritaires, éloignement des services de santé, symptômes dépressifs, expériences négatives antérieures avec des professionnels de santé en France) et près d’une sur deux dit avoir renoncé à des soins, le plus souvent une consultation de médecine générale, dans les 12 mois précédents.

    Deux types d’accompagnement pilote ont été testé pendant 6 semaines pour améliorer leur situation :

    • un accompagnement collectif (des «groupes de parole» hebdomadaires, animés par une conseillère du Planning Familial)
    • et un accompagnement individuel (des accompagnements personnalisés par des « médiatrices de santé »).

    Quand on leur a posé la question 6 mois après, les femmes incluses dans l’étude ont considéré que les deux types d’accompagnement testés leur ont été utiles. Les limites identifiées sont, pour les groupes de parole, les problèmes de disponibilité sur les créneaux horaires choisis pour les séances, et le manque d’information sur ces séances, et, pour les deux types d’intervention, les difficultés de compréhension pour les femmes maitrisant peu le français.

Partenaires

L’étude DSAFHIR a été menée dans le cadre d’un partenariat entre le Samusocial de Paris et l’IDUP

Elle rentre dans la catégorie des études de santé impliquant des sujets humains et intégrant une dimension interventionnelle. Elle a été à ce titre soumise au Comité de protection des personnes (CPP Ouest 6), et approuvée par celui-ci le 03/30/2017 (n° IDRCB 2016-A02005-46). Elle a été enregistrée à de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) comme suivant le protocole de référence MR03 (le 02/10/2017, n°2034475), ainsi que dans la base Clinical Trials (le 17/06/2019, N°  ISRCTN13610775).

Elle a été financée par l’Agence Nationale de la Recherche, avec le soutien des fondations HRA-Pharma, Macif et Sanofi-Espoir, et est inscrite au 5ème plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes.