Séminaire du CRIDUP : Paternité et fécondité masculine en Afrique Centrale par Axel Gabin Njomy
Plus que minimisé, le rôle des hommes dans l'analyse démographique de la fécondité a été entièrement négligé (Tragaki et Bagavos 2014). Une large attention est accordée aux caractéristiques démographiques, économiques et socioculturelles des mères pour identifier les facteurs explicatifs des niveaux de fécondité et leurs variations. Pour expliquer cette situation, on a souvent évoqué les caractéristiques biologiques des femmes (puberté et ménopause) qui leurs confèrent une gamme plus nette et étroite d’années reproductives (Hertrich, 1998). S’il faut recourir au test de paternité pour identifier précisément le géniteur, la maternité établit un lien naturel et direct entre la mère et l’enfant qui facilite davantage la recherche auprès des femmes.
Cependant, même si « ce sont les femmes qui portent les grossesses et enfantent, les hommes n’en ont pas moins un rôle crucial à toutes les étapes des processus de la procréation : comme partenaires sexuels bien sûr, mais aussi comme détenteurs d’une large part du pouvoir de décision au sein de la sphère conjugale et familiale, comme détenteurs majoritaires du pouvoir politique et économique » (Andro et Desgrées, 2009). Le rapport de la banque mondiale de 2012 précise que ce pouvoir de décision est davantage masculinisé en Afrique subsaharienne. Ampale (2015) montre que l’Afrique centrale et notamment le Cameroun, le Congo et le Gabon n’est pas en marge de cette prédominance masculine qui pose la question de la place de l’homme seul dans les responsabilités des variations du niveau de fécondité.
À partir des données des récentes EDS, nous proposons d’étudier la paternité et la fécondité masculine dans les pays d’Afrique centrale. Il sera question d’identifier les déterminants de la primo-fécondité et de la fécondité élevé chez les hommes ainsi que les facteurs explicatifs de l’engagement paternel. Ce dernier se manifeste par l’accessibilité, la responsabilité et une interaction directe avec sa descendance et est opérationnalisé par la cohabitation avec ses enfants. Pour atteindre ces objectifs, nous utilisons une analyse de survie, basée sur la méthode de Kaplan Meier, et une régression de poisson. Dans le cadre de la fécondité, la régression offre l’avantage de contrôler les durées d’exposition par l’intermédiaire d’un terme dit offset et permet de calculer l’ISF utilisé comme indicateur (Schoumaker, 2004).
Compte tenu du contexte sanitaire, ce séminaire se déroulera en visioconférence.