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Vous effacez le concept, vous effacez les gens ! Sur des expériences minoritaires
Cette journée d’études propose une analyse critique des systèmes d’oppression et des violences systémiques, en mettant l’accent sur leurs effets matériels et symboliques sur les expériences minorisées. Inscrite dans une perspective queer et féministe matérialiste, elle entend interroger la manière dont ces mécanismes structurent les conditions d’existence, les subjectivités et les luttes des individus et des collectifs ciblés. En s’appuyant sur des approches pluridisciplinaires et intersectionnelles, la journée visera à mettre en évidence les logiques d’injustice qui, tout en produisant des formes d’effacement ou de survisibilisation, engendrent également des espaces de résistance, d’émancipation et de solidarité.
En écho aux réflexions de Bruno Perreau sur les sphères d’injustice, cette journée analysera comment les rapports de pouvoir façonnent des vies rendues « injustifiables » dans l’ordre social dominant, tout en explorant les ressources critiques et les pratiques de résistance qui émergent face à cette assignation. Les discussions mettront en lumière le potentiel subversif des stratégies d’émancipation, qu’elles se situent dans l’intimité des subjectivités ou dans les dynamiques collectives de contestation.
Par ailleurs, cette journée sera l’occasion de présenter les résultats du second volet du projet européen RESIST (Fostering Queer Feminist Intersectional Resistances against Transnational Anti- Gender Politics), qui s’intéresse aux dynamiques intersectionnelles de pouvoir et de résistance dans le contexte des politiques, discours et mobilisations « anti-genre ». Ce volet explore notamment comment ces rhétoriques conservatrices transnationales affectent les existences des personnes trans*, féministes, racisées et queer, en les inscrivant dans un régime d’invisibilisation, de précarisation et de stigmatisation. Les travaux de RESIST dévoilent également comment ces discours visent à délégitimer les savoirs critiques, en particulier ceux portés par les études de genre et les luttes féministes et queer.
La journée s’articulera autour de trois axes principaux : Une réflexion critique sur les catégories imposées (genre, race, sexualité, classe) et leurs effets matériels et symboliques sur les trajectoires des groupes minorisés.
Une analyse approfondie des résultats transnationaux du projet RESIST et de leur contextualisation dans le paysage français, en lien avec les mouvements « anti-genre ».
Une exploration des formes de résistance, de subversion et d'émancipation.
Enfin, cette journée ambitionne de poser un regard transversal sur les convergences entre les violences systémiques documentées par le projet européen RESIST et celles vécues par d’autres groupes dont les existences sont effacées ou stigmatisées. En s’appuyant sur des cadres théoriques queer et féministes matérialistes, il s’agira de réfléchir à la place des mouvements sociaux, des subjectivités résistantes et des savoirs critiques dans la lutte contre les logiques d’effacement et de domination.
Programme
10h - Accueil café
10h30-11h – Des existences contestées aux résistances partagées : Effets et résistance face aux discours, politiques et mobilisations « anti-genre » - Mathilde Kiening (docteure en recherches en psychanalyse, post-doctorante Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Marianne Blidon (Maitre de conférences-HDR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
11h - 12h - Discussion collective autour de la lecture du rapport du projet européen RESIST avec Bruno Perreau (PR, MIT) et Natacha Chetcuti-Osorovitz (MCF-HDR, CentraleSupélec)
12h -14h – Pause déjeuner libre
14h-14h45 – Qui compte ? Expériences de l’injustice et éthique intrasectionnelle – Bruno Perreau (Cynthia L. Reed Professor of French Studies, Massachusetts Institute of Technology - Faculty Associate, Center for European Studies, Harvard University, auteur de Qui a peur de la theorie queer ? (2018) et Sphères d’injustice (2023))
14h45-15h15 – Discussion
15h15-15h30 – Pause
15h30-16h15 – Penser le mythe de l’altérité avec Monique Wittig - Natacha Chetcuti- Osorovitz (Maitre de conférences en sociologie, HDR (Habilitée à diriger des recherches) Département Sciences Humaines et Sociales CentraleSupélec, Chercheure permanente au Laboratoire du Changement Social et Politique (LCSP), autrice de Femmes en prison et violences de genre (2021) et La pensée Wittig (à paraître en 2025))
16h15-17h – Discussion et conclusions